«Il faut préparer sa fin de vie dans un moment où l’on se sent bien»

«Il faut préparer sa fin de vie dans un moment où l’on se sent bien»

Maurice Bolognesi (58 ans) et Cédric Fernandes (26 ans) sont tous deux conseillers funéraires au sein des Pompes Funèbres Générales à Genève. Dans cette interview, ils nous parlent de leur métier afin d’en donner une nouvelle vision.

Maurice Bolognesi

Maurice Bolognesi, pourquoi avoir choisi cette profession?

C’était une opportunité. Je suis arrivé dans l’entreprise en tant qu’auxiliaire et mon rôle était de faire des levées de corps et des cérémonies. En observant les conseillers funéraires, j’ai compris que ce métier pouvait me plaire.

Y a-t-il des formations spécifiques pour faire votre métier?
Il existe plusieurs formations, mais je ne suis passé par aucune d’elles. Notre métier est riche en expériences et je pense que les compétences s’acquièrent au fil des années et sur le terrain.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier?

Le contact! J’aime être proche des gens. Nous avons aussi la chance d’avoir un réseau relationnel énorme. Avec les paroisses, les mairies, la police, les ambassades, on rencontre des gens très intéressants et complètement différents! En dehors des bureaux, nous exerçons parfois dans des lieux incroyables, comme les cérémonies à la Cathédrale St. Pierre de Genève par exemple.

Comment faites-vous pour réussir à passer outre la tristesse des familles?

On se crée une carapace. Mon rôle est d’accompagner les familles, je ne peux pas montrer ma tristesse.

Certaines situations sont certes dures à gérer, mais cela n’est pas un obstacle pour moi. Il faut savoir y mettre du cœur mais poser aussi des limites à l’empathie.

Au travail, comment réussissez vous à égayer votre quotidien?

J’y arrive grâce à mes collègues de travail. Il y a beaucoup de moments de partage dans l’entreprise. C’est très important.

À partir de quand et comment peut-on préparer sa fin de vie en toute sérénité?

Il faut préparer sa fin de vie dans un moment où l’on se sent bien. Il n’y a pas d’âge pour y penser. Il faut d’abord le faire pour soi, mais aussi pour ses proches. Parfois les gens souhaitent contracter leur prévoyance en même temps que l’organisation des obsèques d’un proche, mais le moment est inopportun. Souvent, ils veulent aussi que leurs obsèques ressemblent à celles de leur défunt, alors qu’il s’agit de faire les choses à leur image. C’est pourquoi nos contrats sont personnalisés.

Que conseilleriez-vous à des personnes qui ont des appréhensions quant à l’organisation de leur fin de vie?

En pensant pour soi, on pense aussi aux autres car l’idée est de soulager ceux qui restent.

Au fil des années, avez-vous remarqué une certaine libération de la parole concernant les pompes funèbres et la mort?

Oui! Je travaille dans ce milieu depuis 18 ans et, il y a quelques années, lorsque j’évoquais mon métier en société, les gens changeaient de sujet! Aujourd’hui, quand j’en parle autour de moi, tout le monde est intrigué et pose des questions. C’est intéressant de voir comment les choses ont changé. J’aime aussi parler de mon métier car j’aime profondément ce que je fais et je ne trouve pas qu’il soit triste.

Cédric Fernandes

Cédric Fernandes, pourquoi avez-vous choisi ce travail?

Devenir conseiller funéraire était comme une évidence pour moi. Plus jeune, j’avais de l’entourage dans ce milieu, qui m’a donc toujours été familier. Quelques aventures personnelles, notamment le décès de ma grandmère, m’ont amené aux pompes funèbres à plusieurs reprises dans ma jeunesse.

Quelles sont les qualités requises pour l’exercer?

«Un croque-mort c’est comme un cygne. Il glisse avec élégance à la surface, mais sous l’eau, il pédale à toute vitesse!» Cette phrase est tirée de la série Post-Mortem et je trouve qu’elle résume bien notre travail. Notre métier nécessite un sens incroyable de l’organisation. Un wedding-planner mettra environ plus d’une année à organiser un mariage… Nous, nous n’avons que quelques jours! Et il faut le faire tout en restant élégant, empathique et en prenant du recul sur la situation. C’est une charge morale énorme.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier?

Pour moi, c’est une vocation. L’authenticité est très importante. Lorsque l’on a en face de soi une famille endeuillée, vous n’êtes pas dans un film à la télévision, vous êtes dans le réel. Ce métier est aussi indispensable à la société. Quand je rentre chez moi le soir, je sais que j’ai été utile à quelqu’un.

Quelles sont les valeurs au cœur de votre société?

Le respect est la valeur primordiale! Les Pompes Funèbres Générales Genève sont une entreprise familiale avec des valeurs éthiques. On ne nous demande pas une rentabilité ou la gestion parfaite d’un chiffre d’affaires. L’idée est de s’adapter aux besoins des gens. Nous ne sommes pas des vendeurs de cercueils, nous sommes des conseillers funéraires.

Pourquoi préparer sa fin de vie?

Lorsqu’on vient au monde, on ne sait pas si on va devenir riche, pauvre, en bonne santé, avoir une vie heureuse ou malheureuse… Mais la mort est une certitude, c’est pourquoi il est préférable de communiquer sur ce sujet. Préparer sa fin de vie, ou au moins en parler autour de soi et casser les tabous qui l’entourent, est important.

Parfois, les familles sont perdues à l’idée de faire des choix à la place du défunt. On remarque que lorsque les personnes ont anticipé les choses, l’entretien est beaucoup plus serein. Nous avons créé en 2002 l’entreprise Azur Prévoyance Funéraire et, la demande étant de plus en plus forte, je trouve cela naturel de s’en occuper.

Selon vous, comment peut-on bien accompagner les familles dans le deuil?

Écouter leurs besoins et leurs attentes est la clé. Il faut aussi arriver à composer avec leur budget et parfois innover. En Suisse, nous avons la chance d’avoir les services sociaux, qui peuvent aider les familles. C’est à nous de trouver des solutions simples. Nous sommes concessionnaires auprès des services sociaux dans 18 communes.

azur-prevoyance.ch